jeudi 12 mars 2015

Des couteaux pour Giacomo


Bien présomptueux serait celui qui prétendrait savoir quel style précis de couteau a eu la préférence de Giacomo Casanova. Les mentions d’un tel objet dans son Histoire de ma vie sont relativement rares. Et elles sont le plus souvent réduites à une très simple expression, comme « mon couteau ».
Je retiendrai ici quelques-unes de ces mentions, pour me laisser aller à quelques propositions, à partir de couteaux qui pourraient être « dans l’esprit casanovien ».




« Car par hasard je n’avais pas même sur moi le petit couteau que dans ma chère patrie tous les honnêtes gens sont obligés de porter pour défendre leur vie. »
Voilà donc un « petit couteau » avec lequel on pourrait « défendre sa vie ». Ces temps-là n’étaient pas encore, comme ceux d’aujourd’hui, au « couteau tactique », croisement survitaminé du couteau de poche et du couteau de combat.
Pour mon Giacomo, il me faut donc penser à un couteau assez élégant pour être celui d’un « honnête homme » amateur – comme lui – de belles choses, de taille suffisamment modeste pour qu’il soit légitime qu’il le qualifie de « petit » et, dans le même temps, assez conséquente pour être une arme et pas un simple ustensile à peler des fruits.
La « roncola veneta » ne convenait pas : elle est bien typique de la Vénétie, mais avec sa lame en serpette, c’est plutôt un outil agricole qu’un couteau pour défendre sa vie ! Je me suis donc permis d’explorer le répertoire des couteaux au-delà des frontières de la Vénétie, en particulier dans la production actuelle, artisanale voire haut de gamme, et plus particulièrement dans les catalogues des couteliers Consigli, Nino Nista, et Gian Claudio Pagani.


Modèle "Romano", coutellerie Consigli




Modèle "Romano", coutelier Nino Nista


Modèle "Balestra di Avigliano", coutelier Gian Claudio Pagani




« Tandis que celui-ci buvait avec ma garde, j’étais couvert de ma pelisse, mon couteau de chasse à la ceinture, car je n’avais plus d’épée, et deux pistolets chargés dans mes poches. »
Je me laisse aller à imaginer que Casanova n’avait pas, à la ceinture, un couteau de chasse quelconque. Mais plutôt ce que l’on appelle une dague de vénerie, à la lame longue et solide, capable de « servir » – c’est-à-dire d’achever – un gibier aussi résistant qu’un cerf ou un sanglier. Plus longue qu’un couteau de chasse sans pour autant atteindre la longueur d’une forte-épée, plus courte et plus épaisse qu’une épée de gentilhomme, la dague de vénerie avait probablement de quoi tenir en respect un malandrin. Et, si la dague au fourreau ne suffisait pas à faire réfléchir l’importun, les deux pistolets formeraient, assurément, des arguments convaincants.








« Le fils du commissaire du Canon vint me prendre, et je trouvai dans M. son père un original des plus bizarres. Les raretés de son cabinet consistaient dans la généalogie de sa famille, dans des livres de magie, reliques de saints, monnaies soi-disant antédiluviennes, dans un modèle de l’arche pris d’après nature au moment où Noé aborda dans le plus singulier de tous les ports, le mont Ararat en Arménie ; dans plusieurs médailles, dont une de Sésostris, une autre de Sémiramis, et enfin dans un vieux couteau d’une forme bizarre, tout rongé de rouille. » […] « Il déploya tous les trésors de sa burlesque érudition sur tout ce qu’il avait, finissant par son couteau rouillé, qu’il prétendit être celui avec lequel saint Pierre avait coupé l’oreille à Malek. »
L’Évangile selon Saint-Jean (Jn, 18:10), au moins dans sa traduction en français, indique que Simon-Pierre a utilisé son épée – et non un couteau – pour couper l’oreille de Malchus (que l’interlocuteur de Casanova appelle « Malek »). Mais, bon, pour un gogo, qu’importe la nature exacte de l’instrument tranchant, pourvu que la légende soit belle.
Quelle pourrait donc être, aux yeux de notre Vénitien, la « forme bizarre » (que Casanova qualifie plus loin de « baroque ») d’un tel couteau coupeur d’oreille ? Il me fallait trouver un couteau de fabrication actuelle qui, aux yeux d’un homme du XVIIIe siècle, aurait pu passer pour un couteau exotique remontant peut-être au temps de Jésus.
J’ai donc fouiné du côté des couteaux pouvant arriver des Indes orientales ou de parages similaires. Les kandjars indiens traditionnels ont retenu mon attention.




Mais, pour muser vers le côté un peu charlatanesque dans lequel Casanova aimait à nager, je me suis finalement rabattu sur l’ouvre-lettres « façon khandjar » de Sherry Cordova (http://www.sherrycordova.com/html/sterling_fine_silver_letter_opener.html). Qu’importe si cela ouvre plus de lettres que ça ne coupe d’oreilles !






Cela étant dit, un couteau d’Afrique du Nord ou du Congo aurait tout aussi bien pu faire l’affaire.





Reste à savoir comment Simon-Pierre aurait eu un tel couteau en sa possession pour couper l’oreille de Malchus…




Enfin, en clin au côté séducteur-amoureux de Casanova, un dernier couteau, de la série des « gages d’amour » (Pegni d’amore) des couteliers Consigli. Ce n’est peut-être pas vraiment vénitien, ni peut-être pas vraiment XVIIIe siècle, mais je me suis laissé aller à imaginer Casanova portant sur lui un ou plusieurs de ces « gages », en offrant un à chaque « amour de sa vie », quitte à en offrir – toujours aussi sincèrement – à son prochain « amour pour toujours ».

Modèle "Coltello dell'amore costante", coutellerie Consigli



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mercredi 11 mars 2015

Pi... raté ?


La série Black Sails embarque ses spectateurs vers les temps de pirate du capitaine Flint vingt ans avant ce que Robert Louis Stevenson contait dans son Île au trésor.
Elle est plutôt bien notée par les utilisateurs du site IMDB (note de près de 8/10, sur plus de 26.000 votes à la date d’aujourd’hui). Et comme les séries télévisées sur les pirates étant plutôt rares, j’étais curieux de découvrir cette production-là.


Force, m’est de constater, après avoir regardé l’intégralité de la première saison en DVD (et sur un écran de télé de taille respectable, pas sur une tablette numérique), que mes sentiments mitigés. Je suis partagé entre le plaisir de certains aspects assez prenants, et la déception d’autres qui sont caricaturaux, voire « inutiles » à mes yeux.

J’attendais peut-être trop de Black Sails. Je me disais que ce serait peut-être à l’univers des pirates ce que Rome était à l’antiquité romaine, ou Hell on Wheels à la conquête de l’Ouest américain par le train. Je m’attendais à une série de la qualité de Vikings (qui, elle, vaut vraiment le détour).

Las. Dans Black Sails (saison 1, au moins), les personnages semblent sortis tout droit d’un casting de mode façon « bad guys », avec barbe de trois jours, cicatrices faites avec les fins de série du kit « maquillage magique ».


Idem pour les « bad girls », Anne Bonny (incarnée par Clara Paget, qui, à l’écran, paraît traîner son rôle comme un boulet) étant peut-être la pire de toutes, avec son faux regard dur et son rictus pitoyable sous l’aile large de son chapeau qui maintient son visage dans l’ombre. C’en est presque risible.


Les relations entre personnages glissent parfois du côté du soap opera le plus mou, avant de passer à l’autre extrême, avec sang à flot et sexe débridé, voire forcé. Je ne suis pas niais au point de croire qu’une horde de psychopathes et sociopathes, meurtriers en série, gens de sac et de corde, révoltés acharnés contre le monde entier, ait pu vivre comme une bande de beatniks de retour de Katmandou ou Woodstock. Je ne confonds par l’île de Providence et l’île de Wight. Mais, quand même, ces Black Sails me semblent comporter des ingrédients jetés en vrac dans le shaker, et non choisis avec soin pour s’assembler en un cocktail vraiment pensé.

Quant aux épisodes maritimes, les effets spéciaux numériques pour les navires naviguant sous voiles piquent les yeux, avec parfois des erreurs physiques dans la façon dont les voiles se gonflent ou dont les pavillons flottent au vent.


Pourtant, la photographie est bien travaillée, les costumes ne tombent pas dans le déguisement de carnaval, le souci apporté aux extérieurs et intérieurs, tant dans les bâtiments terrestres que dans les navires, donne une véracité formelle à cette série. Néanmoins, du point de vue du récit, les alliances, contre-alliances, retournements d’alliances, trahisons, faux-semblants et vrais mensonges, n’arrivent pas à me maintenir pleinement éveillé.


Bref, je pense que je n’embarquerai pas pour la saison 2.


Pour retrouver Long John Silver dans une autre appropriation de ce personnage, je retournerai plutôt vers la série de bandes dessinées que lui consacrent Mathieu Laufray au scénario et Xavier Dorison au dessin (éditions Dargaud, série terminée, 4 tomes publiés en 2007, 2008, 2010 et 2013 respectivement ; fiche sur le site de la Bedetheque).



lundi 9 mars 2015

Du cul, du cul, du cul !


J’ai emprunté ce slogan aux Guignols de l’info, qui le faisait proférer par la marionnette de Patrick Le Lay (qui était alors la moitié du duo cynique formé avec Etienne Mougeotte à la tête de TF1) pour souligner une des lignes directrices de la chaîne à cette période-là. Trivialité et vulgarité étaient les deux mamelles auxquelles ce duo voulait nourrir leur public.

Si je l’emprunte aujourd’hui, ce n’est pas pour proclamer que c’est le virage que je compte prendre avec mes blogs, mais pour souligner le virage pris par les administrateurs de blogger quant au contenu « pour adultes » qui sera désormais acceptable sur ces plates-formes.
Finalement, ce ne sera pas la chasse aux sorcières dont les auteurs de blogs sur Blogger avaient été menacés. Les conditions futures seront celles prévalant aujourd’hui.


Mise à jour du règlement relatif au contenu pornographique sur Blogger
La semaine dernière, nous avons annoncé un changement du règlement relatif au contenu pornographique sur Blogger. Il était question que les blogs diffusant des images sexuellement explicites ou illustrant des scènes de nu deviennent privés.
Vous avez été très nombreux à réagir à cette annonce, notamment à l'effet d'un tel changement sur les blogs de longue date, et à son impact négatif sur les internautes qui publient du contenu sexuellement explicite pour exprimer leur identité.
Nous vous remercions pour vos commentaires. Ce changement n'est donc plus à l'ordre du jour et les règlements existants restent en vigueur.

Conséquences pour les propriétaires de blogs

  • La pornographie commerciale reste interdite.
  • Si votre blog comporte du contenu pornographique ou sexuellement explicite, vous devez activer le paramètre Contenu réservé aux adultes, de manière à faire apparaître un avertissement. Si Google est informé de l'existence d'un blog dont le contenu est réservé aux adultes et pour lequel l'avertissement n'est pas activé, il intégrera une page interstitielle. Si cela se produit à plusieurs reprises, le blog pourra être supprimé.
  • S'il n'y a pas sur votre blog de contenu sexuellement explicite et que vous respectez le Règlement relatif au contenu de Blogger, vous n'avez pas à apporter de modifications à votre blog.


Ce qui me fait le plus marrer, c’est la phrase sur l’« impact négatif » qu’aurait eu le changement de règlement « sur les internautes qui publient du contenu sexuellement explicite pour exprimer leur identité. »
J’ai l’impression qu’on est passé du « si nous repérons un téton ou un buisson pubien dans vos billets, alors nous torpillerons votre blog » à « si vous avez besoin de publier du cul, du cul, du cul, pour vous construire, alors nous n’allons pas porter préjudice à votre identité ». Le coup de balancier d’un extrême à l’autre.


Comme je l’avais écrit dans mon précédent billet à ce sujet, je ne vais pas changer de « ligne éditoriale ».


Mais, tant qu’à être un peu provocateur, j’invite ici, à titre exceptionnel, le commissaire San Antonio, avec ce titre à l’élégance toute vénitienne !




jeudi 26 février 2015

Messe grise


La lecture de Casanova et la femme sans visage avait été une surprise plutôt agréable. Un roman policier dix-huitiémiste où l’auteur conviait, en personnages de premier plan (hors les deux « héros »), Sartine, Casanova et le comte de Saint-Germain. Du beau linge, et une intrigue qui ne s’essoufflait pas au fil des pages. Je me suis donc laissé aller à lire un deuxième roman d’Olivier Barde-Cabuçon de cette série de polars du « commissaire aux morts étranges » sous le règne de Louis XV : Messe noire (éd. Actes Sud, collection Babel Noir, 2013, 978-2330-02698-1 ; fiche de présentation sur le site de l’éditeur).


Le titre du roman est celui de la scène qui l’ouvre : une froide nuit d’hiver, un cimetière, le corps d’une enfant, et les restes d’une probable messe noire interrompue en cours de rituel. Les indices sont minces, mais le chevalier de Volnay et son étrange acolyte, duo dont on a fait connaissance dans le premier volume de la série, ne se laisseront pas décourager par cette minceur. Accompagnés d’une certaine Hélène de Troie (un pseudonyme, pensez-vous?) que Sartine, devenu lieutenant général de police leur a mis dans les pattes, ils se lancent sur la piste des satanistes.

« En haut lieu », on ne se réjouit pas à la perspective d’une résurgence d’une affaire sulfureuse comme celle des Poisons, qui avait secoué le règne de Louis XIV jusque dans l’entourage direct du roi. L’enquête de Volnay et du moine prend donc un tour politique, et dans ce genre d’ambiance, il y a de quoi se demander qui veut vraiment que la vérité éclate, et qui préfère que les vilaines histoires restent dans l’ombre.

Je ne déflorerai pas les dessous de l’intrigue, et me contenterai de dire que, jusqu’à une cinquantaine de pages de la fin du roman, j’étais bien content de ma lecture. Même si, comme dans une proportion non négligeable de « polars à énigmes », les enquêteurs ont souvent un peu trop de chance, un peu trop de facilité à extrapoler avec justesse à partir de bribes d’information, un peu trop de capacité à survivre, les armes à la main, à des adversaires bien meilleurs bretteurs qu’eux. Et, dans ces « enquêtes du commissaire aux morts étranges », comme dans d’autres polars historiques (la série mettant en scène Nicolas Le Floch, par exemple, pour en citer une dont l’arrière-plan historique est similaire), une propension à être très en avance sur leur temps, que ce soit sur le plan de la pensée politique ou des sciences médico-légales.

Passant par-dessus ces petits défauts souvent inhérents à ce genre de roman où se croisent les styles « polar » et « roman de cape et d’épée », je ne boudais pas mon plaisir. Et là, dans la dernière ligne droite, paf ! Le genre de chapitre qui me reste toujours en travers de la gorge : le chapitre où l’auteur, par la voix de l’enquêteur qui a tout compris et du coupable qui avoue tout, repasse en revue toutes les pièces du puzzle qu’il avait semées sous les yeux du lecteur, et explique audit lecteur toute la finesse du plan du méchant et toute la finesse encore plus grande de l’enquêteur qui a vu clair dans le jeu du méchant. Bon sans de bon sang, j’en suis arrivé à détester ces étalages artificiels. En tant que lecteur, j’accepte pleinement de me faire entourlouper par un auteur ; comme, en tant que spectateur, j’accepte pleinement de me faire entourlouper par un scénariste (comme Christopher McQuarrie pour Usual Suspects). Quand c’est le cas, j’applaudis : je perds le combat (de l’esprit) avec fair-play. Mais ce « chapitre explicatif » si caractéristique des « romans policiers à énigme » déclenche, chez moi, une réaction allergique.
Je suis peut-être comme un buveur qui sait que sa bouteille de gnôle lui donnera un mal de crâne carabiné le lendemain matin mais qui la boit quand même parce qu’il a du mal à s’en passer. Je sais que le chapitre final d’un roman à énigme, le chapitre-qui-vous-dit-tout, me donnera la gueule de bois. Et pourtant, je me laisse aller à en lire encore un, de temps en temps.
Mais il me faut du temps pour faire passer la gueule de bois. Surtout quand c’est juste le dernier verre de la bouteille qui me donne un coup derrière la tête.


Cette Messe noire était savoureuse... jusqu’au moment où le barman, à qui je demandais juste de me servir mon poison, s’est mis en tête de me faire la leçon, et j’ai ressenti qu’il me prenait pour un demeuré. C’est peut-être parce que les premiers verres m’avaient suffisamment grisé pour que j’oublie les petits trucs pas trop crédibles et que je me laisse porter par l’histoire. Mais le dernier verre m’a, paradoxalement, dégrisé et assommé à la fois.


Messe noire (prix Historia du roman policier en 2013) est un bon roman à énigme.


C’est moi qui ne suis pas fait pour les romans à énigme. Ou pas fait pour le chapitre final des romans à énigme. Le prochain que je lirai me le dira peut-être. Allez savoir !




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mardi 24 février 2015

Contenu explicite... ou pas


Il n’est pas impossible que, dans moins d’un mois, au moins de mes blogs sur Blogger se voie frappé d’une obligation d’être rendu « privé », c’est-à-dire d’un accès limité à des personnes s’inscrivant auprès de moi.
La raison en est le « Règlement relatif au contenu réservé aux adultes sur Blogger », dont voici le texte intégral :

À compter du 23 mars 2015, vous ne pourrez plus partager publiquement d'images ni de vidéos à caractère sexuel explicite ou montrant de la nudité sur Blogger.
Remarque : La nudité restera autorisée dans le contenu présentant un intérêt important pour le public, par exemple dans un contexte artistique, éducatif, documentaire ou scientifique.
Les modifications apportées à vos blogs existants
Si vous n'avez pas publié d'images ni de vidéos à caractère sexuel explicite ou montrant de la nudité sur votre blog, vous ne remarquerez aucun changement.
Si, par contre, votre blog inclut ce type de contenu, il ne sera plus accessible qu'en mode privé à compter du 23 mars 2015. Nous ne supprimerons pas de contenu, mais seuls le propriétaire ou les administrateurs du blog et les personnes avec lesquelles le propriétaire l'a partagé ont accès au contenu privé.
Les paramètres de vos blogs existants à modifier
Si votre blog a été créé avant le 23 mars 2015 et présente du contenu qui ne respecte pas cette nouvelle règle, plusieurs options s'offrent à vous avant son entrée en vigueur :
- Supprimer de votre blog les images ou les vidéos à caractère sexuel explicite ou avec des scènes de nudité
- Rendre votre blog privé

Si vous préférez supprimer votre blog de Blogger, vous pouvez l'exporter au format XML ou archiver le texte et les images qu'il contient à l'aide de Google Takeout.
Les conséquences pour les nouveaux blogs
Pour les blogs créés après le 23 mars 2015, nous pouvons être amenés à supprimer le blog ou à prendre d'autres mesures s'il présente du contenu à caractère sexuel explicite ou montrant de la nudité, conformément à notre Règlement relatif au contenu.

Il restera donc à voir si les billets dans lesquels j’ai utilisé des images comportant de la nudité entreront dans le champ des exceptions, à savoir « le contenu présentant un intérêt important pour le public, par exemple dans un contexte artistique, éducatif, documentaire ou scientifique ».

Je ne compte pas changer la façon de faire à laquelle je me suis tenu depuis que j’ai ouvert ces blogs : je ne cherche pas à être racoleur, mais, pour autant, je ne vais pas tourner le dos à toutes les œuvres qui comportent de la nudité, que ce soit celles qui décorent les salons de Monsieur de C., ou celles que je déniche dans le sillage de Corto, et que je relaie en sifflotant un air de défi.

Je ne tournerai pas le dos aux œuvres de François Boucher.



Ni à celles de Jean-Louis Sieff.




Ni à celles d’Hugo Pratt.



Et peut-être même irais-je jusqu’à écrire un billet spécifique sur une femme nue. Lulu, par exemple.




Chacun mène les combats qu’il peut !

lundi 23 février 2015

Tictac sans saveur


Les bédéphiles n’ignorent probablement pas les noms du scénariste Patrick Cothias et du dessinateur Norma.
Cothias a écrit quelques albums isolés mais s’est surtout rendu célèbre pour être l’auteur de séries à succès et souvent de longue haleine, en particulier dans des ambiances « historiques » : des 7 Vies de l’Épervier (en cours depuis 1983) au Vent des Dieux (1985-2011) en passant par Les Héros cavaliers (1986-1997) et autre Ninon secrète (1992-2004). Les sagas de la plume de Cothias m’ont parfois tenu en haleine, et parfois laissé sur le bord de la route quand j’avais l’impression d’une manque de renouvellement.

Quant à Norma, il a dessiné dans des genres très éclectiques, du western avec Capitaine Apache (1980-1995) aux explorations maritimes avec Pieter Hoorn (1991-1994), en passant par la nouvelle formule de Pif Gadget (2009). Le trait de Norma – trop chargé, presque trop appliqué – n’a jamais réussi, à lui seul, à soulever mon enthousiasme, même si j’ai pris quelque plaisir à lire Pieter Hoorn ou son adaptation graphique du Bossu (1997) sur un scénario de François Corteggiani.



Patrick Cothias et Norma s’associent à la fin des années 1980 pour produire Les souvenirs de la pendule, une évocation de la vie de Marie-Antoinette, future reine de France. Trois tomes naissent de cette collaboration, aux éditions Glénat, dans la collection Vécu : Schönbrunn (1989, ISBN 2-7234-1013-7), L’étrangère (1989, ISBN 2-7234-1108-7) et La vie de château (1990, ISBN 2-7234-1195-8).

Ces Souvenirs de la pendule s’inscrivent pleinement dans ce que j’ose appeler le « milieu de gamme » qu’offrait dans ces années-là la collection Vécu de Glénat. Des séries avec parfois des albums par dizaine, ancrées dans diverses périodes de notre Histoire, dont certaines d’une très grande qualité graphique et narrative (je pense, par exemple aux Tours de Bois-Maury d’Hermann, ou la première douzaine de tomes des Chemins de Malefosse quand ils étaient encore tracés par le duo Bardet-Dermaut, ou, bien sûr l’excellente Giacomo C de Dufaux et Griffo), d’autres plutôt passe-partout (Marie Tempête de Cothias et Wachs, ou le Pieter Hoorn que j’ai évoqué plus haut), et d’autres tout à fait oubliables – et d’ailleurs très probablement oubliées (comme Attila… mon amour de Mitton et Bonnet).

J’ose comparer cette collection Vécu de Glénat à la collection Grands détectives chez 10|18 : à mes yeux, du très bon, rarement ; du moyen, souvent ; du vraiment pas bon, parfois.


Les souvenirs de la pendule entrent dans la catégorie « oubliables-oubliés ». Dessin parfois si approximatif que j’ai peiné à discerner certains personnages des autres, texte bavard, ambiance gnangnan dans certaines parties et, au contraire, outrancière dans d’autres, mise en couleurs criarde de certaines pages, la lecture de cette trilogie m’a été douloureuse. J’ignore si une suite était prévue à ces trois premiers tomes ; toujours est-il que l’histoire que conte cette trilogie commence dans l’enfance de Marie-Antoinette et s’arrête en 1773, lorsque le déjà-couple-futur-royal arrive à Paris.


Je suis loin d’être un adorateur de Marie-Antoinette, je ne hurle pas « Au bûcher ! » lorsque sa vie fait l’objet d’adaptations déjantées, comme celle de Sofia Coppola, pas plus que je ne me rends en pèlerinage à Versailles pour l’anniversaire de sa mort. Et je ne suis pas nostalgique de la royauté ou de l’Ancien régime en général. Mon ressenti vis-à-vis des Souvenirs de la pendule n’est pas donc pas influencé par ces considérations. Et j’ai parfois des indulgences très subjectives pour des œuvres que d’aucuns jugent avec sévérité. Mais, ici, je n’incline pas à l’indulgence : je n’ai pas aimé. Point.


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 Défi. Ce billet répond au défi suivant :






Rendez-vous en Terra Incognita


Un monde dans lequel Louis XIV n’est pas mort, maintenu en vie par un élixir mystérieux.
Un monde où l’on peut croiser Cyrano de Bergerac de retour de son voyage aux États et Empires de la Lune, Lemuel Gulliver rentrant de Lilliput. Un univers où le Chat Botté, les Siréniens ou les Patagons sont des réalités tangibles.
Un monde partagé entre les Pays d’Ici et les Pays de Nulle part, magiques et mystérieux.
Un monde où, dans l’ombre de la société française, s’affrontent des coteries, mues par la recherche de la vérité, par la foi la plus résolue, par l’appât du gain commercial avec des pays lointains, par la lutte d’influence entre Fouquet et Colbert (tous deux aussi bien vivants que Louis XIV !), par la fidélité au duc d’Orléans plutôt qu’au roi.
Un monde dans lequel les joueurs incarnent des personnages pour qui l’existence banale et cartésienne est un carcan dans lequel ils ne se laissent pas enfermer. Qui enfilera le costume d’un « alchimiste en quête de Substances », d’un « astrologue contestataire », d’un « bretteur à la recherche de nouveaux défis », d’un « explorateur intrépide », d’un « officier affabulateur », d’un « prêtre réfractaire » ? Au masculin ou au féminin, selon les cas et la plausibilité du personnage, bien sûr.


Voilà l’univers du jeu de rôles Terra Incognita – Voyages aux Pays de Nulle part. Né comme un jeu amateur diffusé gratuitement par son auteur, Julien Clément, Terra Incognita a su trouver un premier public, ce qui a encouragé l’éditeur Les XII Singes à le publier et diffuser sous forme professionnelle.
La gamme comprend aujourd’hui plusieurs ouvrages : un « livre de base » (2012) et un « écran de jeu » (2012) ; des suppléments de contexte qui détaillent certains aspects du jeu, avec Aux Pays d’Ici et de Nulle Part (2012), Sérendipité et Prodiges (2013), et Les Secrets des Confins (2014) ; et, enfin, les deux premiers d’une série de livrets « géographiques » permettant de vivre des aventures loin de la France : Arabia Felix (2013) et El Dorado (2014).


Comparaison n’est pas raison, mais, si vous appréciez les univers des ouvrages dix-septièmites et dix-huitiémistes comme les Contes de Perrault, les Voyages de Gulliver, les Aventures du baron de Münchhausen, les Voyages et aventures des trois princes de Serendip, ou leurs adaptations en films ou en bande dessinée, ou des créations d’aujourd’hui comme la série de BD De cape et decrocs d’Ayroles et Masbou ou le roman La Vénus anatomique de Xavier Mauméjean, si la contemplation d’une carte ancienne ou d’un portulan vous rêtes à des horizons inconnus, et si vous appréciez le jeu de rôles, nul doute que Terra Incognita saura vous séduire et vous inviter à d’aventureux voyages.


Et le site internet que l’auteur consacre à son jeu ne manquera pas de garder éveillées la curiosité et l’imagination des joueurs.



Outre mon avis sur ce jeu, n'hésitez pas à lire les articles qui lui ont été consacrés par le site SciFi Universe.




samedi 21 février 2015

Justine, de 2D en 3D


Outre les personnages (locaux et touristes) et les décors humains et naturels de Haute-Savoie, à partir desquels il a bâti sa série de BD humoristique Fanfoué des Pnottas, Félix Meynet aime (et sait) dessiner des jeunes femmes léger et court vêtues – pourrais-je écrire pour les qualifier en paraphrasant La Fontaine.

Le carnet d’illustrations publié aux Comix Buro (2011, ISBN 978-2-916518-44-2) porte, en couverture, une de ces jeunes femmes, dans un style dix-huitiémiste.



L’éditeur de figurines Attakus a donné une dimension supplémentaire à cette jeune femme, sous l’appellation Lady Justine (référence FM01, 2013).




La figurine est assortie de ce commentaire de Félix Meynet :
"Allons, Lady Justine n’est pas libertine, juste un peu coquine.
Mutine mais pas assassine, elle ne s’en laisse pas compter
par les comtes bloqués et autres marquis marris.
En plein XVIIIème siècle, elle fait sa révolution et fait craquer les corsets de la morale guindée.
Un jupon, un grain de beauté discret, un regard et c’est le siècle des lumières qui s’illumine !"



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Coup d’oeil en coulisses


Les deux façons de traiter les « petits secrets de fabrication » sont légitimes : savourer un plat, un tour de magie, tableau, un film, sans se demander les efforts qui ont été nécessaires à le préparer et qui n’apparaissent pas dans ce qui semble être la facilité, la fluidité, du résultat final ; ou, au contraire, être piqué de la curiosité de savoir ce qui se cache sous la façade, les ingrédients particuliers, les tours de main répétés jusqu’à ce que la technique s’efface pour laisser la place à l’art, les petits trucs qui trompent nos sens.
Je dis sans détour que je suis un membre de la tribu des curieux. Non pas pour dénigrer le résultat final, mais par considération pour les efforts préparatoires, à mille lieues de ce que les « vendeurs de soupe médiatique ou culturelle » veulent nous faire avaler, comme les chanteurs qui devraient se contenter de chanter sous leur douche et que ces vendeurs installent au sommet des ventes d’albums, dans cette géographie trompeuse où l’on veut nous faire prendre les sommets des ventes pour les sommets de la qualité. Succès commercial et qualité ne sont pas forcément antagonistes, mais bien des exemples prouvent qu’ils ne sont pas, non plus, obligatoirement synonymes.


Pour en revenir à mon goût des coulisses – plus particulièrement dans le domaine de la bande dessinée, univers dont il sera question dans ce billet –, j’avais été très intéressé par deux livres qui éclairaient deux œuvres de François Bourgeon, un des dessinateurs et scénaristes du mon panthéon personnel du neuvième art :
– Dans le sillage des sirènes, de Michel Thiébaut (éd. Casterman, 1992, ISBN : 2-203-38021-7), autour de la série Les compagnons du crépuscule ;
– Les chantiers d’une aventure, du même Michel Thiébaut (éd. Casterman, 1994, ISBN : 2-203-38023-3), autour de la série Les passagers du vent, et dont j’avais dit quelques mots par ailleurs



Plus récemment, L’Épervier – Les escales d’un corsaire (éd. Soleil / Quadrants / Pelerin, 2013, 9-782-3-0203144-9) ont été publiées pour jouer un rôle similaire sur la série L’Épervier de Patrice Pellerin.
Cette série tourne autour des aventures terrestres et maritime d’un jeune noble breton sous le règne de Louis XV. Il m’est donc difficile, de ne pas penser, d’une manière ou d’une autre, aux Passagers du vent, qui avait porté le genre au pinacle. Pour autant, je ne tombe pas dans la comparaison forcenée, et je prends L’Épervier pour la série qu’elle est par elle-même. Et si la construction du récit et le graphisme sont moins puissants, à mes yeux, que dans l’œuvre de Bourgeon, la création de Patrice Pellerin n’est pas du second choix.




Le contenu des Escales d’un corsaire n’est pas inconnu des fans de la série : en effet, il s’agit surtout d’une compilation, dans une nouvelle mise en page, des articles accompagnant la prépublication des albums La Mission et Corsaire du Roy sous forme de livrets souples. Les albums de la série étaient publiés avec des délais de deux ans voire plus entre deux tomes : Le Trépassé de Kermellec (1994), Le Rocher du crâne (1995), Tempête sur Brest (1997), Captives à bord (1999), Le Trésor du Mahury (2001), Les Larmes de Tlaloc (2005), La Mission (2009), Corsaire du Roy (2012).




Il fallait donc bien jeter un os à ronger aux lecteurs impatients ! Mais ces os étaient garnis de suffisamment de viande pour que cette opération commerciale ne soit pas une arnaque outrancière. Ces 6 livrets – publiés sous le titre générique des Rendez-vous de l’Épervier (juin 2008, septembre 2008, avril 2009, mars 2011, avril 2012 et septembre 2012) – comprenaient des planches de ces deux BD, des esquisses, des illustrations en pleine page, et des documents annexes. Ces derniers ont été écrits par Pellerin lui-même en majorité, ainsi que par des historiens, des spécialistes du patrimoine, et s’organisent en quatre parties : « Être un marin du XVIIIe siècle », « Des lieux chargés d’histoire », « Un corsaire parmi les ors de Versailles », « Les coulisses de la création ».


Chaque lecteur peut ainsi découvrir comment Pellerin trouve des inspirations parfois fortuites, comment il intègre à ses dessins des lieux et bâtiments existant encore aujourd’hui, ou comment il reconstitue de manière plausible des lieux disparus. Les Escales d’un corsaire lèvent un coin du voile sur des maquettes, des plans, des photographies, des tableaux, qui ont nourri Pellerin et sa création, et aussi sur les relations humaines avec ceux qui lui ont prodigué des conseils et qui sont, pour certains, devenus ses amis.




Ce souci de la précision, jusque dans des détails qui échapperont probablement à la grande majorité des lecteurs qui ne sont pas aussi « pointus », est un plaisir que je comprends chez une personne qui dessine, comme chez une personne qui réalise un film, qui en choisit les costumes, les décors, les accessoires.
Je ne doute pas que bien d’autres auteurs et dessinateurs de BD préparent tout autant leurs propres créations. Et je ne prétends donc pas que Pellerin est au-dessus de lot dans sa préparation. Mais au moins, je dis que ce genre de livre satisfait ma curiosité. Il la satisfait doublement, comme bédéphile et comme amateur du XVIIIe siècle.


Ces Escales de l’Épervier n’ont rien d’indispensable : vous pourrez très bien vivre sans les lire. Et c’est peut-être bien parce qu’elles n’ont rien d’indispensable que vous aurez la frivolité de vous laisser aller à les parcourir !



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dimanche 8 février 2015

Mort étrange et bonne surprise


Depuis quelque temps déjà, c’est sur la pointe des pieds que je m’approche du rayon « polars historiques » d’une librairie. Mes déceptions dans les lectures de ce genre étaient devenues largement majoritaires sur mes satisfactions. Les romans à énigmes à la façon d’Agatha Christie me fatiguent autant dans une ambiance des années 1920 que dans un univers médiéval ou au Siècle des Lumières. Et Les romans où l’auteur plaque le contexte historique sous forme de leçons ou dans des dialogues interminables me fatiguent tout autant. Mes coups de cœur sont donc très rares, parmi lesquels A Conspiracy of Paper / Une conspiration de papier de David Liss (auteur dont j’ai déjà dit du bien par ailleurs), ou An Instance of the Fingerpost / Le cercle de la croix, de Iain Pears. Quant aux « séries policières historiques », j’en suis largement revenu, après des années de gloutonnerie de lecture.

Pour me faire sortir de ma réserve, il faut donc me jeter des appâts auxquels il m’est difficile de résister. Là, pour le coup, « polar historique + Casanova + éditions Actes Sud », j’ai eu un moment de faiblesse. Le genre de moment d’inattention qui fait que vous prenez un coup d’épée dans un combat déloyal.



En l’occurrence, c’est Olivier Barde-Capuçon avec son Casanova et la femme sans visage (Actes Sud, collection Babel noir n° 82, 2013, ISBN 978-2-330-01777-4, présentation sur le site de l’éditeur) qui a trompé ma défense pour porter son attaque. Un crime avec une victime sauvagement mutilée, un duo d’enquêteurs formé par un « commissaire aux morts étranges » et d’un moine qui sent le soufre, une galerie de personnages incluant Casanova le comte de Saint-Germain, manipulateurs d’esprits crédules, des grands personnages du royaume comme Louis XV et la marquise de Pompadour, et diverses coteries qui cherchent à remettre ce roi pervers dans le droit chemin ou, au contraire, à jeter la monarchie à bas.
Présentés comme ça, les ingrédients peuvent laisser présager une soupe indigeste. Pourtant, j’ai été surpris par la saveur assez fine de ce roman. Et je reconnais m’être laissé porter par le suspense tout au long des plus de 440 pages.

Si j’osais une comparaison de série à série, je dirais que cette « enquête du commissaire aux morts étranges », c’est un peu l’autre côté du miroir par rapport à une enquête de Nicolas Le Floch sous la plume de Jean-François Parot. Chez Barde-Cabuçon, le commissaire a un passé trouble ; son compagnon de route, un passé encore plus trouble ; le roi Louis XV est un monarque cyclothymique à tendance pédophile ; son valet Le Bel, un maquereau ; Sartine, un intriguant qui ne joue que ses propres cartes ; et le parti dévot est presque la moins dangereuse des forces qui agissent dans l’ombre.
Je ne célèbre pas devant ce roman comme s’il était exempt de tout défaut. Ainsi, parfois, le côté « police scientifique » frôle l’anachronique. Mais, comme cela faisait longtemps que je n’avais pas eu une vraie bonne surprise en polar historique, je ne vais pas bouder le plaisir que m’a procuré ce Casanova et la femme sans visage.

Et, alors que la série de Jean-François Parot a fini par perdre ma fidélité de lecteur (L’enquête russe, en 2012, m’avait fait franchir la limite de que j’arrivais encore à supporter, mais mon intérêt s’était déjà étiolé depuis deux ou trois titres de la série), je vais sûrement me pencher sur un autre roman d’Olivier Barde-Cabuçon dans sa série du chevalier de Volnay.
Évidemment, si cet autre roman me déçoit, je ne manquerai de lui donner la bastonnade. Au roman, pas à l’auteur. Je précise, vu que certains (lecteurs de mes billets ou auteurs eux-mêmes) ont parfois du mal à faire la différence entre mon avis négatif sur un livre et mon avis sur son auteur.
Et si cet autre roman me plaît, je le dirai tout aussi spontanément.

D’ici là, partisans ou opposants du commissaire aux morts étranges, n’hésitez pas à vous exprimer dans les commentaires de ce billet !

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PS : en ces temps où la caricature déchaîne les instincts meurtriers des esprits les plus dogmatiques, je signale la couverture de ce roman détournée sur le site couvzenvrac, sous le titre Casanova et la femme sans visa, et avec une aquarelle de Gaston Leroux.


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dimanche 4 janvier 2015

Casanova en grands voyages

Un bateleur de foire pourrait en crier les dimensions hors normes : 48cm de haut par 33cm de large, près de 3kg sur la balance !
Mon retour dans les salons de Monsieur de C., après une si longue absence épistolaire, se devait d’être à la (dé)mesure de Casanova. Et il devait aussi être un clin d’œil au thème du voyage. Le livre en très grand format Les voyages de Casanova (Citadelles & Mazenod, 2014, EAN 9782850886256 ; fiche sur le site de l’éditeur) ravira les amateurs de beaux livres et plaira à ceux qui, même s’ils connaissent déjà bien la vie du célèbre Vénitien, aime à découvrir des ouvrages exploitant cet univers si riche.



Ici, pas de surprise sur les textes extraits d’Histoire de ma vie, la somme (plus ou moins) autobiographique de Casanova, dans l’édition passionnante établie par Francis Lacassin (Ed. Robert Laffont, collection Bouquins, 1993), dont j’ai déjà eu l’occasion du dire du bien. Les autres textes, de la plume de Marco Carminati, historien de l’art – qui aussi écrit, par ailleurs, sur Piero della Francesca –, apportent quelques perspectives complémentaires.

Casanova a parcouru la grande Europe avec, comme principaux bagages, son esprit éclairé, son bagout bien d’aplomb, son charme sur les femmes comme sur les hommes, son élégance jusque dans la tricherie, sa capacité à retomber sur ses pattes comme les chats.
Ce beau livre évoque les voyages de Casanova au travers de textes touchant à des villes (Venise, Vienne, Paris, Londres, Berlin, Moscou, Madrid), des grandes plumes (Jean-Jacques Rousseau, Voltaire) et des despotes plus ou moins éclairés (Frédéric II de Prusse, Catherine II de Russie), des amours pas toujours faciles (Ester), et des épisodes peu glorieux dont il fera des moments de gloire (son incarcération puis évasion de la prison des Plombs, ou encore le duel au pistolet contre le comte Braniski).

Quant aux illustrations, elles mêlent, de façon assez originale, des images très différentes : des photographies en noir et blanc des villes évoquées, remontant aux années 1870 à 1930 ; quelques tableaux de peintres contemporains de Casanova, dont celui de Jean-François de Troy en couverture, La déclaration d’amour (1724) ; et des aquarelles d’Auguste Leroux, qui illustraient l’édition d’Histoire de ma vie de Javal et Bourdeaux (1932).



Même s’il n’a rien de révolutionnaire ou de renversant dans la production autour de Casanova, c’est un ouvrage qui saura faire plaisir aux amateurs de beaux livres et aux passionnés de Casanova.


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mercredi 31 décembre 2014

De retour d'un Grand Tour


Que dire pour expliquer ma si longue absence des salons de Monsieur de C. ? Rien de plus que quelques mots pour vous assurer qu’il n’y a eu aucune fâcherie entre ce cher Giacomo et moi. Et même si j’ai délaissé ce journal dix-huitiméiste, je n’en ai pas pour autant cessé d’explorer cet univers si foisonnant, dans ses aspects d’hier et d’aujourd’hui.

The Custom House at Boulogne, by Rowlandson, Thomas, 1790s. © Yale Center for British Art, Paul Mellon Collection


Je serai donc de retour sous peu, le temps de retirer mes guêtres et de changer de souliers, pour ne pas crotter parquet et tapis, mais les bras chargés de quelques souvenirs de voyage (par l’esprit) à partager avec vous.

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