lundi 23 juillet 2007

Venise... suites

C'est avec les BD de la série Giacomo C, de Griffo et Dufaux, que j'ai fait mes premiers pas dans la Venise du Settecento, et je suis tout particulièrement attaché à cette série, tant par son graphisme que par ses personnages ou le ton des récits.

Une autre série de BD est née, si j'ose dire, dans les palais et canaux de la Sérénissime : Les suites vénitiennes, de Warnauts et Raives (chez Casterman), qui compte à ce jour 9 tomes et dont le premier est paru en 1996.
Ici aussi, intrigues personnelles et grenouillages politiques sont de mise, et la série est centrée sur les affrontement entre le fils naturel d'un sénateur, Alessandro Beltrame, et une dangereuse intrigante, Dorina Tron. Deux séducteurs, chacun à sa manière, mais l'une est d'ombre quand l'autre est de lumière.

Difficile pour moi, qui suis friand de Giacomo C., de ne pas lire Les suites vénitiennes en ayant l'œuvre de Dufaux et Griffo en tête. C'est donc souvent par comparaison que j'essaie de commenter mon ressenti de la série de Warnauts et Raives.

En premier lieu dans le graphisme. C'est en effet ce point-là qui, plus que tout le reste, fait qu'une BD me séduit ou pas. Réaction épidermique s'il en est, je suis incapable de me plonger dans l'histoire racontée par une BD si le dessin me hérisse le poil, quelles que soient les autres qualités du récit. Dans les Suites vénitiennes, mon goût est parfois assouvi, parfois malmené. Le dessin est de facture plutôt classique (ce qui me convient), et je me plais à retrouver, ici et là, des clins d'œil plus ou moins appuyés à des tableaux de Canaletto, Guardi ou Longhi. Mais deux aspects me font parfois grincer des dents :
- l'utilisation de hachures denses pour figurer la pluie a le mérite de donner une sorte de pesanteur sombre à l'image, mais cela en devient trop haché, au point de me faire penser à un dessin raté ;
- les visages des personnages manquent parfois d'expression, ou donnent l'impression d'être faux.

Les décors sont plus variés dans les Suites vénitiennes que dans Giacomo C., puisque les aventures de Beltrame l'emportent bien loin de Venise, jusqu'au Sénégal ou aux Antilles. Pour le coup, on penche un peu du côté des Passagers du vent, de François Bourgeon.

Les Suites vénitiennes sont également empreintes d'une touche de surnaturel. On aime ou on n'aime pas. Pour ma part, j'ai eu un peu de mal à m'y faire - mon côté un peu trop cartésien, sûrement - mais je m'y suis finalement laissé prendre.

Mais, dans l'ensemble, c'est une série très agréable, et je serais bien ingrat de bouder mon plaisir, d'autant que les BD qui nous entraînent dans Venise au XVIIIe siècle ne sont pas légion.


Pour plus de détails, reportez-vous à la fiche de la série sur le site de la Bedetheque.

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