lundi 10 décembre 2007

Tristes espions

Faire sonner à mes oreilles le nom de Venise éveille immédiatement mon attention (j'ai dû recevoir un conditionnement pavlovien !), et je suis également curieux de ce qui touche aux histoires d'espions. Alors, pensez, en découvrant, lors de ma première lecture des aventures de Giacomo C., il y a bien des années, la référence bibliographique à un livre intitulé Les agents secrets de Venise, je n'ai pu que m'écrier : « celui-là, il me le faut ».


Avant de feuilleter le livre, j'avais espéré y trouver les récits des grenouillages de la diplomatie secrètes de Venise dans les corridors des palais et les ruelles sombres des puissances européennes ou turque au Settecento. Mais c'est de bien autres espions que traite ce livre. Des espions presque tristes. Les textes choisis par Giovanni Comisso sont en effet tirés des archives du Conseil des Dix, autorité suprême de la Sérénissime : ce sont des billets que ses « confidents », délateurs patentés mais jamais anonymes pour être recevables, déposaient dans les « bouches de lion », ces boîtes à lettres destinées à recueillir ces confidences.


Cependant, si l'on peut ressentir quelque tristesse à voir ces citoyens, dont certains fort bien nés, chuchoter aux oreilles des inquisiteurs les turpitudes de leurs voisins, le livre fait tout de même ressortir que la plume de certains de ces confidents ne manquait pas de style, de mordant, d'ironie. Ces dénonciations dessinent en creux un portait de Venise et des Vénitiens, dans leurs activités tant publiques que privées. Et l'on se surprend à parcourir le livre de ci de là, sautant quelques pages, revenant en arrière, comme l'on passerait dans les rues et sur les canaux en tendant une oreille indiscrète.

Ecoutez ces chuchotements, il vous feront découvrir Venise autrement.



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Giovanni Comisso, Les agents secrets de Venise, 1705-1797, éditions Le Promeneur / Quai Voltaire, 1990, ISBN 2-87653-084-8

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Faire sonner à mes oreilles le nom de Venise éveille immédiatement mon attention (j'ai dû recevoir un conditionnement pavlovien !),

Mais non : vous êtes une midinette :D !
*comment ça, je suis lourde ?*

Plus sérieusement : les archives secrètes font souvent cet effet là... J'ai eu l'occasion de consulter une fois d'anciens rapports de la Staasi ( anonymisés, of course ) et c'est effectivement assez effarant... Un monde en calque, scotché par une bassesse plus ou moins fine.