jeudi 31 janvier 2008

Lapérouse, les enfants, l'opéra

Suite à une discussion avec des amis chanteurs lyriques, j'ai récemment pris connaissance l'opération pédagogique tout à fait exemplaire ORFEO (Organisation de rencontres pour la formation des enfants et des enseignants par l’opéra), organisée sous l’égide du Conseil Général des Alpes-Maritimes.

Et je découvre, avec plus d'un an et demi de retard, que l'OREFEO 2006 était consacrée à quelqu'un qui n'est pas un étranger de ces colonnes : Monsieur de Lapérouse.
Cette opération est présentée plus en détail sur cette page-là, qui vous permettra aussi d'écouter un extrait de cet opéra de Jon Appleton (musique et livret), Le dernier voyage de Lapérouse.

Quant à moi, je vais essayer de contacter les organisateurs d'ORFEO et d'en savoir plus sur leurs actions et sur cette oeuvre en particulier.


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Verre et séduction

Ayant promis récemment de consacrer un billet au roman Vetro, d'Orazio Bagnasco, je prends la plume pour tenir promesse.
J'avais déjà signalé ce roman à deux reprises, une fois dans une liste de romans se déroulant dans la Venise du Settecento, et l'autre dans une critique du roman Le piège de Dante où je faisais référence à Vetro comme un roman ayant osé, avec succès, prendre Giacomo Casanova comme personnage principal.

Je n'ai pas lu Vetro dans sa version originale, mais dans une traduction espagnole. Le titre italien, qui signifie « Verre », installe au premier plan un des éléments du roman, un service de table en cristal de Murano qui doit servir de cadeau à personne de moins que Madame de Pompadour. Tandis que le titre espagnol, La apuesta de Casanova, c'est-à-dire Le pari de Casanova, personnifie l'intrigue.
Une partie du roman tourne en effet autour d'un défi que reçoit Giacomo Casanova de la part d'un autre homme à femmes, don Juan Tenorio. Casanova et don Juan, se défiant l'un l'autre dans le grand jeu de la séduction.

Orazio Bagnasco nous livre là un roman passionnant. Certains d'entre vous ont peut-être connu cet auteur au travers de son thriller gastronomique Le Banquet (Denoël, 2000, ISBN-13 : 978-2207249062). Dans Vetro, on retrouve cette passion de Bagnasco pour la bonne chère, qu'il installe au coeur du roman, au même titre que la passion pour les femmes, faisant ainsi à son livre une dimension sensuelle, tangible.
En ce sens, il rejoint, à sa manière, ce que l'on peut savourer dans Casanova – les menus plaisirs ou dans Casanova, un vénitien gourmand.
En outre, la ville de Venise elle-même est très présente dans le roman, tout comme la lagune et ses îles.

Ce roman est également passionnant par ce portrait en contraste qu'il dresse des deux personnages centraux, Casanova et don Juan. Au fil des pages, on se rend compte que ces deux séducteurs, ces deux hommes à femmes, empruntent deux voies très différentes. Casanova aime les femmes, toutes les femmes (au point de refuser de s'attacher à une seule d'entre elles ?), il les aime avec une sincérité qui n'est pas exempte de naïveté. Don Juan, lui, séduit par calcul, il séduit en conquérant et non en amoureux, comme si une rage intérieure le consumait. Casanova lumineux et don Juan ténébreux, voilà ce que j'ai ressenti de cette confrontation.

Je ne dirais pas grand-chose de l'intrigue du roman, car elle doit se vivre pleinement, se savourer comme un banquet préparé par le maître-queux Orazio Bagnasco. Il a osé s'approprier Giacomo Casanova et don Juan Tenorio, et cela donne au roman une force que n'a pas, par exemple, Le piège de Dante qui ne met en scène qu'un ersatz de Casanova.

Affrontez cet hiver 1754, marchez et voguez aux côtés de Casanova et de don Juan, croisez le révérend Lorenzo da Ponte (oui, celui-là même, le librettiste de Mozart) et le cardinal de Bernis, ambassadeur de France et gourmand de tous les charmes de Venise.
N'hésitez pas, apprenez l'italien ou l'espagnol, et installez-vous à cette table de banquet.

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Pour la petite histoire, je trouve la couverture de la version italienne du roman plutôt racoleuse, et en décalage avec le ton du roman.

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lundi 28 janvier 2008

Piège en poche

Par un soir discret de mai dernier, j'avais glissé dans une bocca di leone, destinée à cette effet, ma dénonciation de la tiédeur du roman Le piège de Dante, d'Arnaud Delalande.

Ce roman vient de sortir en format de poche. Et je découvre, sur sa couverture, la mention « Sélection 2008 – Prix des lecteurs ».
Aurais-je été à ce point injuste avec ce roman ? Ai-je été trop exigeant en souhaitant qu'il fût alors, tout à la fois, un bon roman vénitien et un bon roman policier et un roman avec une personnalité propre ?

J'ai trouvé, sur la toile, des critiques élogieuses de ce roman, de la part d'acheteurs sur des sites de vente par correspondance ou de la part de chroniqueurs sur des sites littéraires. Je peux comprendre le dithyrambe, voire l'emphase, de lecteurs prêts à tous pour porter aux nues un roman qui les a conquis. Mais, quand je lis une critique (positive) comme celle publiée sur le site Evene, je réagis immédiatement par le doute : quelqu'un qui ose placer le roman Da Vinci Code dans la première phrase de son texte pour en dire que Le piège de Dante tient la comparaison ne peut quasiment que me conforter dans mon impression (médiocre) sur le roman d'Arnaud Delalande. S'il faut me parler d'un roman avec une solide intrigue policière et une richesse historique et culturelle, qu'on aille au moins chercher Le nom de la rose, d'Umberto Eco. Faisons dans le grand, dans le prenant, diantre !
Se servir du Da Vinci Code comme étalon du roman historico-ésotérico-policier, c'est du même tonneau que faire référence à André Rieu dans la critique d'une représentation des Noces de Figaro.


Si l'aventure vous tente néanmoins, laissez-vous tenter. D'une part parce qu'au tarif d'un livre de poche, la maison ne menace pas ruine, et d'autre part parce que pour un regard moins casanovaphile (et méchant) que le mien, il y a peut-être là un roman d'aventures dans lequel s'embarquer sans se creuser la tête.
Et si le roman vous plaît, n'hésitez pas à venir dire ici qu'il vous a plu, et pourquoi. Dans les salons de Monsieur de C, nous ne sommes pas obligés de parler d'une seule voix. ;-)

dimanche 27 janvier 2008

Barbe Noire revient... sur un plateau

En 1992, la société Jeux Descartes publiait Barbe Noire, la version française du jeu de société Blackbeard, de Richard Berg, édité par la firme états-unienne Avalon Hill.

Barbe Noire propose aux joueurs de revivre l'âge d'or de la piraterie, au début du dix-huitième siècle (historiquement, la période 1710-1730 environ). Chaque joueur incarne un pirate, qu'il conduit sur les mers du globe ou sur les côtes pour s'emparer des cargaisons des navires et des richesses des villes, et faire monter sa gloire (si possible) et sa fortune (surtout). Cependant, les obstacles en travers de cette route sont nombreux : la concurrence des autres pirates qui courent après des objectifs similaires, la chasse menée par les navires de guerre des différentes nations qui tentent de protéger convois et ports, les mutineries à bord des navires ou les duels entre pirates sur une plage.

Barbe Noire a ceci d'intéressant, à mes yeux, qu'il permet de s'attacher tant au navire pirate (c'est le pion que l'on déplace sur le plateau de jeu, et donc le moyen d'atteindre l'objectif) qu'au pirate lui-même (puisque c'est son destin personnel qui est en jeu), offrant ainsi des niveaux de jeu complémentaires l'un de l'autre.

Les mécanismes de jeu permettent de simuler ces différentes situations, ainsi que les aléas qui y sont relatifs (comme le fait de ne pas trouver de proie à piller, pendant quelque temps sur une route commerciale maritime). Ceci apporte donc de la richesse au jeu, qui mêle stratégie, diplomatie et hasard, mais le rend, par là-même, un peu complexe à mettre en oeuvre. Rien d'insurmontable, toutefois, et même des personnes peu versées dans les jeux de stratégie peuvent rapidement s'y plonger et y prendre du plaisir.
Il est possible de n'y jouer qu'à deux, ou même tout seul, mais Barbe Noire prend vraiment tout son sel à partir à partir de trois et surtout à quatre joueurs, puisque cela permet alors de signer (et de trahir) des alliances entre pirates, par exemple pour s'attaquer à une cité terrestre très bien défendue.

Le jeu étant épuisé, dans sa version originale comme dans sa version française, il n'est pas toujours facile à trouver, même sur des sites de ventes de jeux d'occasion.
Mais une nouvelle version du jeu (par l'éditeur GMT ; voir quelques détails des composants du jeu sur cette page-là) va être bientôt lancée, dont elle dit qu'elle simplifie certains des mécanismes de la première édition, sans lui faire perdre son côté épique. Je me rends donc dans le nid de la vigie pour guetter l'horizon ludique.

Arrive, Barbe Noire, je t'attends de pied ferme !

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En complément :
* quelques vues du jeu
* la présentation du jeu et des critiques de joueurs sur le site Trictrac

samedi 26 janvier 2008

Les masques qui attendent

Pour faire suite à mon récent billet sur les masques vénitiens et en cherchant une illustration de bauta non pas portée par une personne mais présentée en tant qu'objet, j'ai trouvé la photographie qui suit sur le site Lugar do Olhar Feliz, "le lieu où le regard est heureux" (traduction personnelle plutôt littérale, mais je pense que vous en comprendrez le sens).

La photo est présentée dans un article sur le syncrétisme du Carnaval, mais c'est sans raison de spiritualité que je vous aiguille vers elle. Cette image a retenu mon attention parce que ces masques, ainsi posés, semblent attendre que l'on vienne les chercher.




Qui viendra les prendre ?
Qui les ceindra ?

Est-ce pour sortir jouer à la bassette ou au pharaon ?

Pour une galante rencontre sous le felze d'une gondole ?

Mystère du masque, nourrissant l'imagination.

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vendredi 25 janvier 2008

A-t-on des nouvelles de Monsieur de Lapérouse ?


«
A-t-on des nouvelles de Monsieur de Lapérouse ? » Une tradition veut que ce soit quelques-uns des derniers mots prononcés par Louis XVI sur l'échafaud. Cette réplique, très probablement apocryphe, n'en montre pas moins à quel point à quel point le non-retour de Lapérouse en France soulevait des questions dans l'esprit de ce roi si attaché au fait maritime, à l'exploration et au développement des connaissances.

Jean-François de Galaup, comte de Lapérouse (ou La Pérouse), l'albigeois, a été l'un des explorateurs célèbres du Pacifique au dix-huitième siècle, après James Cook et Antoine de Bougainville. En disparaissant en 1788, il entre dans la légende, à nos yeux de Français, tout au moins ; au point que son nom est aussi prestigieux que celui de James Cook, alors que le « palmarès » de ce dernier en termes de voyages d'exploration est bien plus conséquent.

Cependant, je ne suis pas là pour organiser un classement des explorateurs, mais pour signaler un double DVD, L'incroyable aventure de Monsieur de Lapérouse, rassemblant, entre autres, des reportages d'Yves Bouregois sur trois expéditions scientifiques menées en mer et à terre sur les lieux du naufrage, à Vanikoro. Ces reportages montrent les fouilles tant sous l'eau qu'à terre, partageant les interrogations des chercheurs (où et comment les deux navires ont-ils sombré ? Certains membres des équipages ont-ils pu gagner la terre et y survivre quelque temps ?), leurs espoirs et parfois leurs déceptions.


Certaines séquences mettent en lumière des aspects intéressants, dans la valorisation prospective des éléments découverts, avec des approches de reconstitution, de simulation.


L'une est la reconstitution anatomique, anthropologique, de la tête (et donc du visage) d'un marin à partir des restes de son crâne, par Elisabeth Daynes (visitez son site pour découvrir son travail en général).


L'autre est une simulation informatique des conditions et épisodes du naufrage des navires ; vous pouvez lire, sur cette page-là, une interview d'un étudiant de l'Institut supérieur de l'art digital ayant participé à ce travail de modélisation, et regarder deux extraits de ces animations.

Je ne prétends pas que mon billet reflète une brûlante actualité, puisque ces reportages ont été diffusés à la télévision puis en DVD en 2005. Toutefois, je profite d'une prochaine actualité pour en reparler : en effet, le Musée de la marine à Paris présentera, du 19 mars au 20 octobre 2008, une exposition intitulée Le mystère Lapérouse, enquête dans le Pacifique Sud.



Sire, nous avons des nouvelles de Monsieur de Lapérouse.


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mardi 22 janvier 2008

Haut les masques

Bauta, larva, moretta, domino, noms indissociables du Carnaval et des tableaux de Pietro Longhi et de Francesco Guardi. Etrange silhouette du médecin de la peste, avec son bec de corbeau.
Masques, encore, de la Commedia dell'arte. Pantalon, Brighella, Colombine.

Venise, cité des masques. Hommes et femmes masqués, cherchant le plaisir, faisant des affaires, trompant la mort. Le livre de Danilo Reato, Les masques de Venise (éditions Herscher, 1995, ISBN 2-7335-0193-3), très richement illustré de reproductions de gravures et tableaux, du XVIe au XVIIIe siècles principalement, et de photographies actuelles, nous fait passer devant et derrière les masques. Et l'on y découvre la complexité de Venise, ville d'ostentations et de secrets, d'impudeurs et de pudeurs.

Carnaval approche. Avez-vous choisi votre masque ?

dimanche 20 janvier 2008

Mandrin en partie oublié ?

Cartouche et Mandrin, deux célèbres brigands du temps des Lumières, avaient eu droit à un billet à l'occasion de ma lecture d'un livre de Fernand Fleuret.

Une missive électronique d'un lecteur jusqu'alors resté anonyme m'a fait remarquer que je n'avais pas jeté de coup de lanterne sur une BD mettant en scène Mandrin. Tout grand amateur et lecteur de BD que je sois, je n'ai pas la prétention d'être un encyclopédie vivante de cet art, ni d'avoir lu tout ce qui est sorti dans le domaine et qui touche de près ou de loin au dix-huitième siècle.
Comme je l'avais déjà répondu à Laurent qui m'interpellait à propos de la série Les pionniers du Nouveau Monde, en réaction à mon billet sur l'adaptation en BD de la saga de Bas de Cuir, il y a bien des choses dont je n'ai pas encore parlé dans ces colonnes, et bien d'autres que je ne connais pas. Ce que je trouve plutôt heureux, puisque cela me permet d'espérer avoir encore quantité de billets à écrire, et quantités de choses à découvrir.

Pour ce qui est de Mandrin en BD, j'ai trouvé deux références sur le site de la Bédéthèque (un de ceux que je consulte systématiquement quand il s'agit de questions sur la BD.

L'une est relativement ancienne, et probablement difficile à trouver : Les aventures de Mandrin, sur avec le dessin de Franz sur un scénario de Vicq (éditions Bedescope, 1980) [fiche sur le site de la Bédéthèque]. Je lance un appel à qui pourrait nous en dire plus sur cet album.





L'autre, bien plus récente, celle qui m'a été sig : L'histoire de Mandrin en BD, de Fabien Lacaf (dessin) et Philippe Bonifay (scénario) (éditions Glénat, 2005, ISBN 2-7234-5092-9) [fiche].


Je vais me mettre en quête du second, sur lequel je pense que je n'aurais pas de mal à mettre la main auprès de mon fournisseur habituel. Je vous en dirai un peu plus lorsque je l'aurai lu.




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Ah, une petite précision : si vous avez envie de me signaler des BD, des romans, des livres, des sites, ne vous gênez surtout pas, que ce soit ici dans les commentaires à mes billets ou par courrier électronique. Ce n'est pas parce que je réponds « je n'ai pas la prétention de tout connaître » que cela veut dire que je suis sourd aux recommandations, aux conseils. Bien au contraire !


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mardi 15 janvier 2008

Comme l'âne de Piron

Quand j'étais petit, s'il y avait bien une expression de famille qui me faisait rire, c'était « il est con comme l'âne de Piron ». Certes, l'allitération en « on » n'était pas riche, mais l'expression me faisait rire. Je ne savais pas trop qui était ce Piron, dont j'avais fini par penser qu'il était un ami de mes grands-parents (plutôt friands de l'expression en question) et qu'il possédait un quadrupède aux capacités si peu développées qu'elles en arrivaient à être inférieures la réputation injuste collant à cette espèce.

Ce n'est que bien plus tard que je découvris l'existence d'Alexis Piron, poète et dramaturge du XVIIIe siècle (1689-1773). L'article qui lui est consacré dans le livre de Jean Viguerie Histoire et dictionnaire du temps des Lumières (éditions Robert Laffont) indique de Piron s'est attaqué à de nombreux styles (tragédies, comédies, épîtres, pastorales, etc.), « mais les grands genres ne lui réussissent guère. Mis à part Arlequin Deucalion, [...] son théâtre ne mérite pas qu'on s'y attarde longtemps. Il est surtout bon dans les petits vers, ceux de l'épigramme ou de la chanson bachique ». Dont acte.

Mais, dans ce cas, comment comprendre s'il était bien le Piron de mon expression familiale ? Quel était donc cet âne ? Je doute que ce fût celui de son opéra comique en deux actes, L'âne d'or d'Apulée. J'incline plutôt à penser que cette expression fait écho aux charges répétées de Piron, dijonnais de naissance, contre les habitants de la voisine et rivale Beaune : n'avait-il pas baptisés, en effet ces Beaunois « les ânes de Beaune » dans son ode méchante Voyage à Beaune.
Deux exemples de ce genre de saillie sont donnés sur cette page-là, et je me permets de les reproduire ici :

Un jour, il coupait des chardons dans la campagne en disant à qui voulait l'entendre : « En guerre avec les Beaunois, je leur coupe les vivres » ; une autre fois, au théâtre de Beaune, alors qu'un spectateur se plaignait de ne rien entendre, il s'exclama : « Ce n'est pourtant pas faute d'assez longues oreilles ».


Mais vous vous demandez peut-être pourquoi je vous parle de Piron aujourd'hui. Après tout, des auteurs de bons mots, le siècle des Lumières n'en manqua pas. Pas plus que des ânes.
Non, si je vous parle de Piron aujourd'hui, c'est parce que ma feue grand-mère, qui m'avait légué l'expression « con comme l'âne de Piron » de son vivant, m'avait légué par la suite quelques « vieux livres ». Parmi ceux-ci, une série de neuf petits volumes, in-12, reliés en cuir, que j'avais quasiment abandonnés dans un coin. Enfin, pas tout à fait abandonnés : coincés entre deux petits chevaux cabrés en bronze servant de serre-livres, ils trônaient sur une étagère de ma bibliothèque. Ils y sont restés longtemps, jusqu'à ce que ma curiosité me ramène vers eux et que je découvre, sur la tranche de chacun d'entre eux, la mention Oeuvres de Piron. L'homme à l'âne dans ma bibliothèque !

D'une main délicate, j'ai ouvert le premier volume, pour le feuilleter, survolant les titres des chapitres (Vie d'Alexis Piron ; L'école des pères – comédie ; Callisthène – tragédie). Finalement, j'ai regardé plus en détail la page de garde, en bichromie :

Oeuvres complettes (sic) d'Alexis Piron, publiées par M. Rigoley de Juvigny, Conseiller honoraire au Parlement de Metz, de l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de Dijon. Tome Premier. A Paris, de l'imprimerie de M. Lambert, rue de la Harpe, près Saint Côme. M. DCC. LXXVI.

Je vérifie que j'ai bien lu.
Oui.

M. DCC. LXXVI.
1776.



Je vous en ficherais, moi, des « vieux livres ». Neuf volumes des oeuvres de l'homme à l'âne, de 1776 ! Une publication posthume, certes. Mais un joli hasard de transmission de livres, que j'ai reçus à une période de ma vie dont le XVIIIe siècle était encore plutôt absent.



Si un jour vous héritez un « vieux livre » marqué « James Cook » et « MDCLXX » ou quelque chose d'approchant, n'hésitez pas à m'envoyer un message, je vous débarrasserai de cette « vieillerie » avec plaisir ! ;-)

L'épervier entre vos mains

J'ai déjà présenté la série de BD L'Épervier, née du talent de Pellerin. Son héros, Yann de Kermeur, corsaire par choix et fugitif par force, est passé de la représentation à plat à une forme en relief, grâce à l'éditeur de figurines Leblon-Delienne. Les passionnés de L'Épervier pourront donc casser leur tirelire (prévoir une bonne poignée de doublons, tout de même) et s'offrir une représentation de leur héros grande comme une main environ.



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Pour plus de détails, regardez la fiche de présentation de la figurine.

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samedi 12 janvier 2008

Parfum mortel

Voilà, c'est fait : après l'avoir gardé pendant plusieurs mois sur une étagère sans y toucher, j'ai enfin regardé le DVD du film Le parfum, de Tom Tykwer.

Pourquoi avoir attendu tant de temps entre l'achat et la séance de cinéma-sur-canapé ? Sans raison précise. Il se trouve que ça s'est fait comme ça. Et je me suis dit que je n'allais pas attendre encore quelques mois entre cette séance de cinéma petit écran et la rédaction de mon ressenti.

J'avais déjà lu le roman de Patrick Süskind, dont a été adapté le film. J'avais été secoué par ce roman riche et dérangeant. Riche par les différents plans de réflexion qu'il offre au lecteur : une certaine satire – voire un rejet – de la société, de ses valeurs ; une aventure initiatique, quête d'un absolu qui contient en lui la promesse de la destruction, où la réussite débouche sur l'échec ; un récit qui ne semble avancer sans revenir sur ses pas mais, au contraire, paraît tisser des boucles, des répétitions ; la juxtaposition de la laideur absolue et de la senteur parfaite, celle du réalisme le plus cru et de surnaturel le plus inattendu.


Un roman inadaptable, si l'on en croyait la rumeur. Bah, il se disait aussi que Le nom de la rose n'était pas adaptable, et Jean-Jacques Annaud a su en faire un grand film (pour l'anecdote, le film Le nom de la Rose compte parmi ses producteurs Bernd Eichinger, également producteur du film Le parfum...). Plusieurs grands noms du cinéma, pourtant, ont déclaré Le Parfum inadaptable : Stanley Kubrick (qui avait la préférence de Süskind pour lui vendre ses droits), Martin Scorsese, Milos Forman. Excusez du peu. Mais d'autres grands noms, pas moindres que les précités, se sont intéressés aux droits d'adaptation, comme Tim Burton ou encore Ridley Scott.

Finalement, c'est à l'Allemand Tom Tykwer, réalisateur de Cours, Lola, cours en 1998, que l'adaptation a été confiée. Avec l'éternelle question qui se pose alors : faut-il coller au près de l'oeuvre originelle, ou en prendre la matière et la modeler différemment, pour en faire quelque chose d'autre avec une personnalité propre ? Tom Tykwer a manifestement choisi la première option : le film devient l'illustration du roman ou, tout au moins, de la majeure partie du roman, certains passages du livre ayant été sacrifiés.

En parcourant les discussions sur Le parfum dans plusieurs forums de cinéphiles, je me suis rendu compte de plusieurs choses :
- d'une part, ce film ne laisse pas les gens tièdes. Les spectateurs se rangent en deux catégories majoritaires et bien tranchées : ceux qui ont été emballés par le film, et ceux qui le vouent aux gémonies ;
- d'autre part, bien des critiques (professionnels patentés ou simples amateurs) font état de la difficulté à traduire les odeurs en images et en font là une difficulté de ce film en général.

Je reviendrai, plus loin, sur la quasi-impossibilité à rester tiède devant ce film, et vais aborder pour l'instant cette question de la traduction des odeurs. Je ne vois pas bien en quoi il est éminemment plus difficile de traduire une odeur en images qu'en mots. Contrairement aux couleurs, nous ne disposons pas d'un vocabulaire spécifique aux odeurs. Nous pouvons exprimer une couleur par les mots « bleu clair », par exemple, sans forcément nous référer à un ciel dégagé ; mais nous désignons une odeur par exemple par une plante (par exemple la rose), et notre esprit associe l'idée de cette plante et l'odeur de la rose, pour autant que nous l'ayons déjà reniflée auparavant et mémorisée. La mémoire olfactive est, chez l'homme au moins, la mémoire la plus longue, bien plus longue que la mémoire visuelle par exemple.
Alors, pour suggérer l'odeur de poisson pas frais, nous pouvons écrire « ça sent le poisson pas frais » ou montrer à l'écran un panier de poisson qui a tourné de l'oeil, et les gens qui ont déjà senti du poisson pas frais pourront, à la lecture de ces mots ou à la vue de ces images, imaginer ce parfum douteux. Tykwer, lui, a choisi cette transposition simple, suggérer les odeurs par les images ; cependant, j'ai parfois trouvé que sa transposition manquait de légèreté. Des images trop insistantes, la répétition de gros plans sur le nez, voire les fosses nasales, pour nous faire comprendre l'importance de l'odorat dans une scène, ce n'était pas pas nécessaire.


La réalisation est particulièrement léchée, tant dans le tableau de la crasse urbaine parisienne que dans celui de la pureté campagnarde provençale. Certaines vues parisiennes (celle du Pont au change vu de la Seine) par exemple, semblent être des tableaux de Raguenet soudain animés. Mais parfois, la profusion d'images paraît ne pas arriver à contenir la volonté d'en dire beaucoup, et il m'est arrivé de décrocher sous une impression de trop-plein visuel. J'ai même trouvé que la musique était par instants trop présente, trop démonstrative. Peut-être aurait-il fallu que le rythme du récit du film s'écartât de celui du roman, que Tykwer jouât plutôt, à certains moments, sur des ellipses pour se donner, à d'autres moments, le temps de la lenteur ?

Quant à la réaction « j'aime / je déteste » face au film, elle me semble tout à fait inévitable. Elle n'est pas due au film lui-même, mais au roman, dont le film, je l'ai dit, est une transposition fidèle (voire trop fidèle à mon goût). Oui, Grenouille est un personnage malsain, dont l'esprit se complaît dans une quête qui est, pour lui, celle de la perfection et qui, pour une personne à peu près saine d'esprit, est plutôt celle de la perversion. Oui, le récit confine au surnaturel dans ses dernières parties, et suivant que l'on arrive à « y croire » ou pas, on trouve le film malignement puissant ou scabreusement irréaliste.


Ceux qui s'installent devant ce roman ou devant ce film en pensant y trouver un roman policier autour d'un serial killer dix-huitièmiste se trompent. Ces deux oeuvres traitent d'une dérangeante et obsessionnelle quête d'absolu, qui fait passer un être vil de l'état où il n'est rien à l'état où il est tout, pour enfin redevenir rien. Le monstre devient messie ou ange, pour finir par disparaître.


Ah, comme j'aurais voulu que Stanley Kubrick, le Kubrick de Barry Lyndon, se fût emparé de ce Parfum pour en faire le sien. Mais, ne dit-on pas que faute de grives, on mange des merles ? Et ce merle-ci présente tout de même des qualités qui en font un bon film, à défaut d'en faire un grand film.



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Pour des clés de compréhension du roman : Le Parfum, Laure Meesemaecker (éditions Hatier, collection Profil d'une oeuvre, n°267, 2003, ISBN 2-218-74033-8)

Pour un dossier pédagogique sur le livre et le film, voyez .


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vendredi 11 janvier 2008

Bas-de-Cuir de case en case

Le Niçois Georges Ramaïoli a exploré bien des genres et périodes historiques en bandes dessinées : le western, les Zoulous, l'époque gallo-romaine, l'épopée mongole, le polar, la science-fiction. Si je lui fais une place ici aujourd'hui, c'est pour sa série La saga de Bas-de-Cuir, aux éditions Soleil.

Ramaïoli a adapté, en six tomes parus de 1995 à 2001, les cinq romans de James Fenimore Cooper, qui nous content la vie de Nathaniel Bimppo, connu aussi comme le Tueur-de-daims, Oeil-de-faucon, ou encore Bas-de-Cuir.
Si je ne vous ai pas fait fuir en vous parlant de l'adaptation cinématographique du Dernier des Mohicans par Michael Mann, ou en vous proposant des ouvrages vous permettant de comprendre les tenants et aboutissants de la guerre franco-anglo-indienne, et si vous aimez la BD au graphisme classique, alors la saga de Bas-de-Cuir est faite pour vous. Sans être renversante, Elle est plutôt fidèle aux romans et vous donnera peut-être envie de lire Fenimore Cooper.


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La fiche de cette série sur le site de la Bédéthèque

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jeudi 10 janvier 2008

Tricornes et mocassins

Je me souviens que lorsque je découvris, adolescent, les aventures d’Œil-de-Faucon sous la plume de James Fenimore Cooper, dans une édition avec quelques illustrations, j’étais un peu interloqué par ce mélange des genres. Tricorne et habit rouge côtoyant mocassins et jambières, voilà qui avait un goût de "Fanfan la Tulipe chez les Indiens". Fortins en rondins, canoës, chasse au daim, forêts profondes, il y avait là tout un exotisme d’aventures que j’avais un peu de mal à remettre dans un contexte plus large.

J’avais pourtant bien appris, sur les bancs de l’école, que ces maudits Anglais nous avaient pris le Canada au temps du bon roi Louis XV, et que ce bon Monsieur de Montcalm en était mort. Mais il me manquait tout de même du liant, entre ces quelques bribes scolaires et les tribulations de Bas-de-Cuir. Bien entendu, cela ne m’a pas empêché de savourer, à ce moment-là, le Tueur de Daim et le Dernier des Mohicans.



C’est bien plus tard que je me suis intéressé plus avant à cette drôle de guerre, un des « théâtres d’opération », comme on dirait pour une de nos guerres d’aujourd’hui, dans un conflit que l’on pourrait « mondial » pour l’époque, puisque la guerre de Sept Ans voyait s’affronter des armées européennes non seulement en Europe, mais également dans les Amériques ou dans les Indes orientales. C’est d’ailleurs une escarmouche entre un détachement anglo-américain et un détachement français, dans cette lointaine Amérique, qui va constituer l’étincelle qui entraînera l’explosion de la guerre de Sept Ans.

Et c’est surtout chez des éditeurs anglais (descendants de ces abominables voleurs de notre Canada) que j’ai trouvé des livres très didactiques pour comprendre cette guerre que l’on appelle « franco-anglo-indienne » ou « franco-indienne ». Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : il existe de très bons ouvrages en langue française pour traiter de ce sujet ; mais je n’ai pas trouvé d’ouvrage francophone constituant une porte d’entrée aussi facile à prendre en main que ces ouvrages anglophones.

C’est principalement dans les collections de l’éditeur Osprey Publishing que j’ai trouvé mon bonheur, avec des livres pas trop longs et abondamment illustrés.



Commencer avec The French-Indian War 1754–1760 permet d’appréhender ce conflit dans sa globalité, de découvrir les forces en présence, leurs stratégies et tactiques respectives.



Plusieurs ouvrages de la série Campaign permettent de découvrir des batailles marquantes de cette guerre, que ce soit les premières victoires françaises comme la campagne de Monongahela qui conduira à l’écrasement de l’armée de Braddock, ou l’héroïque défense de Ticonderoga par Montcalm qui, contre toute attente, arrivera à repousser des assaillants largement supérieurs en nombre, ou que ce soit les défaites qui suivront, chants du cygne de l’Amérique française, avec la perte de Louisbourg puis celle de Québec sous les murs de laquelle mourront Montcalm et son adversaire Wolfe.





























La guerre franco-anglo-indienne a été à la fois une guerre de mouvement et d’escarmouche, et une guerre de position, avec une stratégie de sécurisation de frontière par une série de forts de plus ou moindre grande taille. L’ouvrage French Fortresses in North America 1535–1763 présente les plus conséquentes de ces forteresses.







Empires Collide s’attache, d’une certaine manière, à reprendre et synthétiser l’ensemble de ces aspects, abordés dans toute une série d’ouvrages déjà publiés chez Osprey dans diverses collections (Campaign, Men-at-arms, Warrior, Essential Histories, Fortress et Elite).








Avec ces différents ouvrages, il y a de quoi aborder assez facilement la question de la guerre franco-anglo-indienne.



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Références des différents ouvrages cités

The French-Indian War 1754–1760, de Daniel Marston (Osprey Publishing, Essential Histories 44, 2002, ISBN 9781841764566) [fiche sur le site de l'éditeur]

Monongahela 1754-55, Washington’s defeat, Braddock’s disaster, de René Chartrand (Osprey, Campaign 140, 2004, ISBN 9781841766836) [fiche]

Ticonderoga 1758, Montcalm’s victory against all odds, de René Chartrand, (Osprey, Campaign 76, 2000, ISBN 9781841760933) [fiche]

Louisbourg 1758, Wolfe’s first siege, de René Chartrand (Osprey, Campaign 79, 2000, ISBN 9781841762173) [fiche]

Quebec 1759, The battle that won Canada, de Stuart Reid (Osprey, Campaign 121, 2003, ISBN, 9781855326057) [fiche]

French Fortresses in North America 1535–1763, Québec, Montréal, Louisbourg and New Orleans, de René Chartrand (Osprey, Fortress 27, 2005, ISBN 9781841767147) [fiche]

Empires Collide, The French and Indian War 1754-63, de William M Fowler Jr & Ruth Sheppard (Osprey, 2007, ISBN 9781846032196) [fiche]

Ceux qui se passionnent pour les détails (organisation, uniformologie, etc.) sur certaines troupes trouveront leur bonheur dans d’autres ouvrages chez le même éditeur, en particulier dans les séries suivantes : Men-at-arms, Elite, Warrior.


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mardi 8 janvier 2008

Long John Silver en fond d'écran

Si vous appréciez le talent pictural déployé pour l'album Long John Silver, dont j'ai dit grand bien, et que vous vouliez habiller votre écran d'ordinateur aux couleurs de ce pirate, n'hésitez pas à télécharger les fonds d'écran (format 1600x1200) offerts par les éditions Dargaud au moment de la sortie de ce livre.
C'est gratuit, c'est légal, c'est sur cette page-là par exemple.

Vie et choses de la vie

Je suis plutôt friand des livres qui donnent à connaître et comprendre les aspects du quotidien dans ce qu'ils ont de terre à terre. C'est donc plutôt naturellement que je le suis tourné vers le livre collectif rédigé sous la direction de Michel Figeac, L'ancienne France au quotidien, Vie et choses de la vie sous l'Ancien Régime (éditions Armand Colin, 2007, ISBN 978-2-2003-4545-7).

Cet ouvrage est une sorte de dictionnaire d'histoire matérielle, avec ses articles qui vont d'« Aliment » à « Volaille », en passant par « Eau », « Lieux du vin » ou encore « Presse ». Pas plus qu'il ne me viendrait à l'idée de lire un dictionnaire dans l'ordre des articles de la première à la dernière page, je ne compte pas lire cette Ancienne France au quotidien selon son ordre alphabétique. Je procède comme dans mes autres flâneries, l'ouvrant à une page au hasard et découvrant un aspect, puis glissant vers le suivant ou le précédent, ou passant au contraire du coq à l'âne.
Et le tableau qui se dessine n'est pas sans rappeler celui que l'on peut se créer mentalement en visitant un musée des arts et métiers, ou un musée des arts décoratifs, tout en y ajoutant un touche vivante : les différents articles peignent en effet, à leur manière, non seulement les objets ou les gestes de la vie quotidienne, mais également les diverses couches de la société de l'Ancien Régime. Du vin du pauvre au vin du riche, du lit du pauvre au lit du riche, il y a des abîmes de distance.

Lire cet ouvrage collectif ne remplacera pas la lecture du Tableau de Paris par Mercier ou des journaux des mémorialistes de ce temps-là. Mais cela nous propose des perspectives complémentaires, des analyses historiques et sociologiques.

Bon, j'y retourne. Un dernier article, et après j'arrête, promis. Pour ce soir, en cette période de fêtes et de frimas, ce sera « Boissons exotiques (café, thé, chocolat) ».

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Fiche du livre sur le site de l'éditeur.

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lundi 7 janvier 2008

Hourrah pour Long John !

L’album Long John Silver, de Xavier Dorison & Mathieu Laffray, était l’une des bandes dessinées inspirées de L’île au trésor de Stevenson dont j’avais parlé voici quelque temps déjà. J’avais été séduit par l’approche originale (raconter, dans cette BD, ce que le roman a laissé dans l’ombre) et par la force du graphisme.

La couverture, elle-même, frappait déjà un grand coup.



Eh bien voilà que les amateurs de bande dessinée, dont je suis, ont procédé, sur l’initiative du site BD Gest’, aux récompenses d’albums publiés en 2007, récompenses soulignant les mérites dans diverses catégories (meilleur album, meilleures couleurs, etc.).

Dans la catégorie « Meilleure couverture », c’est ce tome 1 de Long John Silver qui l’emporte haut la main parmi les dix prétendants, avec plus de 41% des plus de 1.000 votes exprimés, devançant largement son dauphin (un peu moins de 13% des voix).




Que vous dire d’autre, sinon que vous ne devez pas vous arrêter à la seule contemplation de cette couverture, mais bien vous plonger au plus vite dans la lecture de cet album ? Ainsi, je ne serai plus le seul à attendre la suite avec impatience.

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Fiche de cet album sur le site de la Bédéthèque.

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dimanche 6 janvier 2008

Fragonard méconnu

Début octobre dernier, je signalais dans un billet l'ouverture de l'exposition Fragonard, les plaisirs d'un siècle, au musée Jacquemart-André à Paris.

A l'occasion de mon récent passage à la capitale, j'ai profité pour visiter ce musée pour la première fois et pour découvrir cette exposition.

Première bonne surprise, la longueur de la file d'attente était tout à fait supportable, même pour un visiteur sans billet coupe-file.

Deuxième bonne surprise, l'élégance de ce musée : autant sa façade sur le boulevard Haussmann est plutôt quelconque, autant celle sur sa cour intérieure est dégagée et agréable. Les intérieurs, eux aussi, sont très plaisants à l'oeil, comme le double escalier du jardin d'hiver.

Quant à l'exposition sur Fragonard, elle m'a conduit bien loin de l'image étriquée du Fragonard peintre de l'escarpolette. Bien évidemment, ce tableau est présent parmi les pièces rassemblées pour cette occasion mais, finalement, en se laissant porter à apprécier toutes les autres oeuvres présentées, on passe devant l'escarpolette presque sans s'en rendre compte. Certes, les pièces libertines ont leur place dans cette exposition, mais elles n'en sont qu'un des volets, à côté des oeuvres religieuses, des portraits pleins de vie, des scènes champêtres, ou encore des illustrations pleines de force pour Don Quichotte de Cervantes ou l'Orlando furioso de l'Arioste. Ce sont d'ailleurs les dessins de ces deux dernières séries qui m'ont quasiment le plus emballé parmi toutes les créations présentées.

Il vous reste encore quelques jours pour savourer cette remarquable exposition et vous rendre compte à quels points les talents de Fragonard dépassaient le petit pré libertin auquel certains s'échinent à le confiner.

Pour le cas où vous n'auriez pas la chance de hanter ces parages-là, rabattez-vous les yeux fermés – enfin, les yeux ouverts, nous nous comprenons – sur le catalogue de l'exposition : Marie-Anne Dupuy-Vachey, Fragonard, les plaisirs d'un siècle (éditions Snoeck, 2007, ISBN 978-90-5349-655-8).

Civilités

Les échos des carillons célébrant la nouvelle année se sont quelque peu éloignés, mais il me semble que les usages me permettent encore de vous souhaiter que cette année 2008 vous soit belle et bonne.

Les résolutions de début d'année relevant de cette catégorie de promesses que l'on peut énoncer et ne pas tenir sans pour autant en avoir à rougir, je ne m'avancerai pas à en dresser la moindre liste. Tout au plus vais-je m'engager à essayer de faire en sorte qu'en 2008, les salons de Monsieur de C continuent à bruisser de coups de coeur et de coups d'épée, de découvertes à partager et de fautes de goût à fustiger.

Vous n'êtes donc pas encore débarrassés de moi ! ;-)