samedi 7 janvier 2012

Foi de Giacomo

L’année 2011 est désormais derrière nous, et 2012 fait ses premiers pas. Avec qui d’autre que Giacomo Casanova pouvais-je lever le rideau sur cette nouvelle année, dans ce blog dont le nom est un clin d’œil à ce célébrissime Vénitien ?

C’est donc à un ouvrage de qualité et accessible à toutes les bourses que je vais consacrer ce premier billet de 2012. Voilà bien des années que je suis fidèle à la collection Découvertes des éditions Gallimard, pour la synthèse qu’offre chaque livre qui la compose et pour l’abondante iconographie qui l’accompagne. Ce Casanova, Histoire de sa vie, de Michel Delon (2011, ISBN 978-2-07-044012-2) ne dépare pas dans cette belle collection.


La quatrième de couverture est un reflet fidèle du contenu du livre et du propos de son auteur :
Prédateur sexuel qui accumule les conquêtes ? beau parleur qui séduit les plus riches et les plus crédules ? aventurier qui passe son temps à fuir les polices et les créanciers ? Casanova n’est pas seulement ce fruit vénéneux d’une Venise décadente auquel la postérité a voulu le réduire. Vénitien, il l’est pleinement par son goût du théâtre et de l’opéra, par son sens des échanges et de la diplomatie, par sa famille avant tout, parents comédiens, frères peintres. Après avoir essayé la soutane religieuse et l’uniforme militaire, il se veut un maître des mots. Mots de poète : il traduit, compose, souffle peut-être une tirade à Mozart. Mots de savant : il argumente, polémique. Mots de mage : il prédit, révèle des secrets. Mots de politique : il propose des réformes. Mis à la retraite par l’âge et par l’histoire, il trouve enfin les mots qui l’imposent à la postérité. Ce sera l’Histoire de ma vie, qui fait de lui un écrivain français majeur, et, selon Michel Delon, une figure de proue de l’Europe moderne.

Quant au communiqué de presse, il éclaire, lui aussi, la richesse du personnage :
Synonyme de séducteur ou d’aventurier, Casanova est avant tout un artiste, qui s’est voué aux mots. Il manie les langues : le vénitien et l’italien, le latin et le grec, puis le français, l’espagnol et possède même quelques rudiments de langues lointaines et mystérieuses pour abuser les badauds. Il est homme de théâtre, directeur de troupe, mais aussi magicien, joueur, alchimiste, savant parfois, bibliothécaire pour finir. Il raconte sa vie comme nul autre, puis finit par l’écrire. À travers les milliers de pages de l’Histoire de ma vie, réinvention de soi, « autofiction », roman des plaisirs et des rêves d’un Vénitien à la chasse au bonheur, Casanova entraîne le lecteur à travers l’Europe du XVIIIe siècle. Celle des cours aristocratiques et des arrière-cours populaires, dans un monde où le jeu est plus important que le travail, la séduction que la famille, le bagout que le savoir. Prisonnier ni du passé ni de l’avenir, il est épris du présent et donne une superbe leçon de vie.
Un nouveau chapitre de l’histoire du casanovisme s’est ouvert fin 2010 avec l’achat par la Bibliothèque nationale de France d’un ensemble exceptionnel de manuscrits resté deux siècles dans les coffres de l’éditeur Brockhaus, en Allemagne. Une édition critique devient possible - elle est confiée à La Pléiade - , qui fera mieux comprendre l’aventurier, sans pourtant jamais épuiser les ressources romanesques de son existence. Sa vie s’est déroulée entre réalité et invention, sa postérité s’est étendue entre un texte, toujours mieux connu, et un mythe, toujours déplacé, toujours renouvelé.

Michel Delon nous entraîne loin des clichés réducteurs, et ouvre le regard des lecteurs sur ce personnage aux multiples facettes, en cinq chapitres intitulés « Un Vénitien en Europe », « Théâtres », « Libertinages », « Savoirs » et « Mémoires ».
Fidèles connaisseurs de Casanova ou simples curieux, les lecteurs de cet ouvrage ne pourront sortir que ravis de cette « Découverte » dont nous régale Michel Delon et les éditions Gallimard.